Evolution  historique  de l'Acupuncture

Le Traité d'acupuncture le plus ancien, le ″Huang Di Nei Jing Su Wen Ling Shu″ ou ″Traité de médecine interne de l'Empereur Jaune, Questions simples, Fondement spirituel″, est composé de questions que l’Empereur Jaune, premier Empereur mythique de l’Antiquité, pose à son médecin personnel, et des réponses pertinentes de celui-ci.

 

L'acupuncture était donc déjà bien structurée lors de la rédaction de ces premiers textes, auxquels on attribue près de 3.000 ans d’ancienneté ! Le NeiJing, remanié plusieurs fois au cours de siècles, mettait par écrit une compilation de diverses écoles de pensée, jusque-là uniquement transmise oralement de Maîtres à élèves.

 

De nombreux livres s’y sont ajoutés : de grands commentaires, souvent innovants, ont régulièrement été écrits au cours des siècles par les praticiens de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC). Néanmoins ces textes doivent toujours être compris comme des commentaires d'une Tradition orale transmise de Maître à élève, donc censée être connue.

 

La présentation faite de nos jours de cette Tradition semble néanmoins bien complexe ; ceci est dû au fait que les bases du raisonnement, pourtant a priori simples et logiques, ont été perdues à cause des divers remous politiques et militaires qui se sont produits en Chine au cours des derniers siècles, événements qui ont rompu la transmission orale de la Tradition.

 

Il convient ici de faire un bref rappel historique pour comprendre l’évolution de l’Acupuncture et de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), et pour appréhender pourquoi elle a décliné et s’est figée en Chine, alors qu’elle s’épanouissait en France. La méconnaissance de cette histoire contemporaine ne permet pas de comprendre pourquoi il y a deux façons totalement différentes d’aborder l’Acupuncture, ni pourquoi c’est celle qui est nettement la moins intéressante qui est nettement la plus répandue…

 

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  • 1822 Probablement sous la pression de l’influence culturelle et économique des Puissances Occidentales, l'empereur décide qu'il ne veut plus être traité par l'Acupuncture. En conséquence, le Collège Impérial de Médecine cesse d'enseigner cette discipline, mesure arbitraire apparemment pas entièrement efficace puisque :
  • 1904 Le gouvernement impérial interdit à nouveau la MTC et l’Acupuncture. En 1911 l’Empire est renversé mais l’influence occidentale demeure :
  • 1929 Le gouvernement républicain interdit la MTC et l’Acupuncture. Ces interdictions répétées limitent fortement la transmission de Maître à élève de cette Tradition médicale. Par voie de conséquence celle-ci se perd progressivement, pour être de plus en plus réduite à des recettes.

 

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  • 1929 G. Soulié de Morant, ancien Consul en Chine, introduit l’Acupuncture en France[1].
  • 1960 le Dr Chamfrault devient président de l’Association Française d’Acupuncture (AFA). Il est l’auteur de 6 volumes sur la MTC et l’Acupuncture. Il travaille avec le Dr Nguyen Van Nghi, auteur lui aussi de nombreux livres sur l’Acupuncture.
  • 1970 le Dr Kespi devient président de l’AFA. Il a une extraordinaire compréhension de la Tradition médicale chinoise ; il est l’auteur de plusieurs livres qui font beaucoup progresser le retour aux sources de l’Acupuncture.

 

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  • 1949 Mao Zedong rétablit la MTC comme une des médecines officielles de la Chine moderne (avec la médecine occidentale), mais fige dans une doctrine universitaire cette médecine déjà vidée de l’essentiel de sa substance. D’où l’utilisation systématique de recettes thérapeutiques, le raisonnement énergétique n’étant plus compris. De nombreuses campagnes politiques, comme celle dite des "Cent Fleurs", se sont attaquées aux intellectuels.
  • 1966/76 Révolution ‘Culturelle’ : les derniers Maîtres d’Acupuncture traditionnelle sont tués.

 

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  • 1972 Nixon visite la Chine. Un journaliste du New York Times est opéré d'une appendicite (sous anesthésie médicamenteuse) puis soulagé de ses douleurs par acupuncture. C’est à partir d'un article qu'il écrit sur cet 'événement' que débute la diffusion de l’Acupuncture aux Etats-Unis et dans le reste monde. Ce n’est cependant plus depuis longtemps la Tradition, basée sur un raisonnement analogique aboutissant à un traitement personnalisé, mais ce qui a été figé en Chine contemporaine, une thérapeutique basée sur des recettes plus ou moins efficaces.

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L’histoire contemporaine explique donc pourquoi on a plus de chances de trouver une Acupuncture vraiment Traditionnelle, donc raisonnée, en France qu’en Chine, où elle n’est plus comprise. Comme c’est néanmoins la Chine qui est la référence, par ignorance (c’est une médecine Chinoise après tout, non ?), c’est celle-ci qu’on retrouve partout, et même dans la majorité des écoles françaises. Ce phénomène avait déjà été prophétisé par les Chinois eux-mêmes au début du 20e siècle [2].

 

Pourtant, quel intérêt y a-t-il à traiter tout le monde de la même façon avec des recettes plus ou moins efficaces, quand l’essence même de l’Acupuncture est de permettre un traitement logique et individualisé. Il va sans dire que cette approche est infiniment plus efficace.

 

C’est donc la présentation de l’aspect Traditionnel, raisonné et individualisé, et pourtant simple, de l’Acupuncture que nous vous proposons.

 

 

[1] Les travaux de G. Soulié de Morand étaient surtout basés sur le Zhen Jiu Da Cheng, qui est le dernier des grands ouvrages de référence en Acupuncture, daté de 1601.

[2] Qin Bowei, 1935